COMMENT JE M'EN SUIS SORTI

Témoignage :

Souffrant d'insomnies lourdes et quotidiennes qui me gâchaient totalement la vie, je savais depuis longtemps que c'était la peur de ne pas parvenir à m'endormir qui me maintenait éveillé. C'était aussi la peur de ne pas avoir suffisamment dormi qui me faisait me réveiller en sursaut pour vérifier l'heure, sans parvenir, bien sûr à me rendormir.
Je passai donc des nuits très courtes avec une insomnie à chaque bout… Et bien sûr, la journée du lendemain s'avérait épouvantable !

Je marchais aux somnifères et autres calmants, avec toutes les conséquences que cela implique.

Néanmoins cette explication " c'est la peur de ne pas m'endormir qui me maintient éveillé" ne me satisfaisait pas pleinement car je ne comprenais pas pourquoi je subissais cette peur injustifiée.

En réfléchissant bien, je parvins à une explication plus plausible : c'est la peur de ne pas dormir et, par voie de conséquence, la peur d'être épuisé toute la journée du lendemain, qui me maintient éveillé !

Je réalisai donc que j'étais en plein dans un cercle infernal :

Je ne dors pas => je suis épuisé le lendemain => j'ai peur que ça se reproduise => je m'angoisse => donc je ne dors pas, etc, etc…

Donc l'épuisement du lendemain était non seulement la conséquence de l'insomnie mais devenait aussi la cause de la suivante. C'était à devenir fou !

Partant de ce principe je songeai donc que si l'on parvenait à éradiquer cette somnolence du lendemain, on casserait le cercle infernal et les choses rentreraient dans l'ordre. Je savais qu'il existait des produits qui permettent de lutter contre la somnolence diurne ou l'hypersomnie et qu'eux seuls pouvaient me tirer d'affaire.

L'idée me semblait évidente, mais la faire comprendre à un médecin s'est vite révélé une mission impossible. Car il faut savoir que les médecins ne raisonnent pas en utilisant la logique commune, mais qu'ils appliquent des schémas tout faits, appris par cœur et régurgités mécaniquement en fonction de la pathologie constatée.

Donc dans mon cas : insomnie = somnifère (ou autre tranquillisant) point à la ligne !

J'ai consulté quantité de praticiens mais rien n'y faisait, ils ne comprenaient pas ou ne voulaient pas comprendre, se bouchant les oreilles à mes demandes répétées. Retranchés dans la défensive et à court d'arguments, certains finissaient par me rétorquer que ce genre de produits ne se délivrait qu'en service hospitalier (ce qui est exact) mais que même là-bas on m'en refuserait l'accès.

Epuisé et à bout de forces, je changeai mon fusil d'épaule et optai pour une stratégie différente : je consultai un nouveau médecin mais lui cachai totalement mon passé d'insomniaque. Je lui fis croire que je dormais parfaitement bien mais que, pour une raison inexpliquée, j'avais de graves accès de somnolence dans la journée.

Convaincu de mon hypersomnie, il m'envoya enfin à l'hôpital auprès d'un spécialiste des troubles du sommeil, où, persistant dans le mensonge, je finis par obtenir ce que je désirais. (bien sûr je résume car la démarche réelle a été plus longue et plus tortueuse)

Aujourd'hui, je dors mieux. J'ai encore quelques problèmes de sommeil mais ils sont négligeables en comparaison de ce que j'ai pu endurer. J'ai mon traitement contre l'hypersomnie mais je n'y touche pratiquement jamais : le simple fait de le savoir dans mon armoire à pharmacie me réconforte et m'apaise… et cela me suffit…

Et dire qu'il m'a fallu mentir pour être soigné !